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2024-06-03 Articles

Le perfectionnisme et la responsabilité professionnelle

1er juin 2024

Le perfectionnisme et la responsabilité professionnelle peuvent apparaître comme étant deux notions totalement antinomiques… et pourtant, le mieux peut devenir l’ennemi du bien.

Qu’est-ce que le perfectionnisme?

Tout d’abord, arrêtons de voir le perfectionnisme comme un défaut inoffensif que nous mentionnons en entrevue pour un nouvel emploi! De même, il ne s’agit pas d’efforts sains visant à s’améliorer ou de la fixation d’objectifs ambitieux pour « se dépasser ».

Au contraire, le perfectionnisme consiste à s’imposer des standards difficiles, voire impossibles à atteindre. La personne éprouve de la difficulté à doser ses efforts et se surinvestit dans des activités de moindre importance au détriment de certaines plus prioritaires. Par exemple, un avocat perfectionniste se préparera pour présenter une demande incidente comme s’il s’agissait d’un procès sur le fond dont les enjeux sont de plusieurs centaines de milliers de dollars.

Le perfectionniste accorde une importance accrue aux détails par opposition à la tâche dans son ensemble. À titre d’illustration, la personne s’attardera indument à trouver la bonne couleur et la bonne taille de la police avant de transmettre un courriel.

Enfin, pour le perfectionniste, sa valeur en tant que personne dépend de ses réussites. Par conséquent, il craint l’échec qui est vu comme une fatalité.

Au vu de ce qui précède, la recherche effrénée de la perfection est lourde de conséquences, notamment en ce qui concerne la santé mentale. Plus particulièrement, le perfectionnisme est associé au stress, à l’anxiété et à l’épuisement qui peuvent à leur tour entraîner des problèmes de concentration et de mémorisation.

Le perfectionnisme peut également mener à des comportements contreproductifs. À titre d’exemple, la personne pourrait verser dans la procrastination soit par peur de l’échec ou parce que son travail n’est jamais assez parfait. Il n’est donc pas impossible que certains délais puissent éventuellement être échappés.

Comment surmonter votre perfectionnisme? 

Le perfectionniste lutte constamment pour entretenir une image parfaite, se montrer à la hauteur et rendre un travail sans faille. Cependant, qu’est-ce qu’une personne parfaite? Qu’est-ce qu’un travail sans faille? Dans la majeure partie des cas, ces attentes sont ambiguës, ce qui contribue au problème.

D’emblée, mentionnons qu’il est difficile de se libérer du piège du perfectionnisme. Il est constitué de schèmes de pensées qui, à un certain moment, ont été bénéfiques. Faites donc preuve de compassion envers vous-même s’il vous arrive de replonger dans vos anciennes habitudes.

Ceci dit, voici quelques suggestions afin de vous détacher lentement de l’illusion du perfectionnisme.

Dotez-vous d’objectifs SMART (spécifique, mesurable, atteignable, réaliste, temporellement défini). Élaborer de tels objectifs vous permettra également d’avoir un regard plus critique sur vos performances.

Par ailleurs, établissez vos priorités. Connaissez-vous la loi de Pareto? Cette loi stipule que 80 % de nos résultats sont le produit de 20 % de nos efforts. Autrement dit, concentrez-vous sur les 20 % des tâches qui vous apportent 80 % de vos résultats. Une tâche de moindre importance devrait être déléguée ou exécutée après celles prioritaires et le temps de réalisation devrait être moindre.

Cultivez une vue d’ensemble. Lorsque vous sentez que vous glissez vers le perfectionniste en accordant une trop grande importance à un détail, interrogez-vous : Est-ce vraiment important? Est-ce que je suis en train d’utiliser mon temps de manière efficiente? Est-ce que consacrer trois heures additionnelles à la rédaction de mon opinion aura un impact différent sur la décision qui devra être prise par le client? Est-ce que le client se souviendra de cette phrase précise dans une semaine, un mois, un an?

Élaborez des listes de contrôle. Cela vous rassurera à l’effet que vous n’avez rien oublié. Une fois que l’ensemble des éléments de la liste sont cochés, il s’agit du signal indiquant que vous pouvez passer à autre chose.

Cherchez de la rétroaction. Consultez un collègue en qui vous avez confiance afin d’obtenir une opinion objective sur la qualité de votre analyse ou d’une procédure, ou encore, du contrat que vous avez rédigé, etc. Dans la majorité des cas, vous constaterez que vous êtes trop sévère avec vous-même.

Requérez de l’aide. Nous l’avons mentionné, il n’est pas facile de mettre de côté sa tendance perfectionniste. Si vous éprouvez de la difficulté à mettre en application nos suggestions, ou encore, si vous constatez que votre perfectionnisme nuit à votre développement professionnel et à votre santé mentale, ne vous découragez pas. Demandez de l’aide en faisant appel à PAMBA, à un professionnel de la santé ou à un coach en développement de carrière.

La recherche incessante de la perfection est épuisante et comporte des dangers en matière de responsabilité professionnelle. Valorisez plutôt la compétence afin d’avoir une carrière épanouie. Les répercussions seront sans aucun doute positives pour vous et vos clients.

 

Références :

Iris Gagnon-Paradis, Quand le perfectionnisme nuit au travail, La Presse, 18 décembre 2010, en ligne : https://www.lapresse.ca/affaires/economie/emploi/201012/17/01-4353459-quand-le-perfectionnisme-nuit-au-travail.php.

Rebecca Knight, How to Manage Your Perfectionism, Harvard Business Review, Managing Yourself, 29 avril 2019, en ligne : https://hbr.org/2019/04/how-to-manage-your-perfectionism

Anxiété Canada, Qu’est-ce que le perfectionnisme et comment le surmonter?, en ligne : https://www.anxietycanada.com/fr/articles/comment-surmonter-le-perfectionnisme/

Louise Careau, Le perfectionnisme : Quand le mieux devient l’ennemi du bien, Université Laval, Direction des services aux étudiants, 2016, en ligne : https://www.aide.ulaval.ca/psychologie/textes-et-outils/difficultes-frequentes/le-perfectionnisme-quand-le-mieux-devient-l-ennemi-du-bien/